La
spéciale vient d’être neutralisée. C’est
la dernière, la dernière de la journée et du rallye.
Deux pilotes se sont sortis devant. N.Ayrton et V.Cathala, deux têtes
de séries qui donnaient tout pour grappiller d’ultimes secondes
et remonter au classement. J’ai peur. Ce matin déjà
j’étais pas bien, pas relâché. J’ai roulé
la spéciale de Pierrefeu avec l’angoisse de me foutre par
terre avant la fin et ici, sur le Mont Faron, c’est pas l’endroit
idéal pour reprendre ses esprits. J’écoute les commentaires
de ceux qui connaissent la route. La sortie de route en début de
spéciale est synonyme de méga saut de l’ange, puis
une série d’épingles s’enchaînent avant
de plonger dans la forêt où chaque arbre, chaque rocher est
plus menaçant que son voisin.
La vue est magnifique, la température pas trop élevée,
« 15 secondes ! », ça sent bon la Provence, j’abaisse
la visière, vérifie que la ventil du casque est ouverte,
« 10 secondes ! » , les gants, ok , remontes la combarde au
niveau des genoux, « 5 ! 4 ! », mouvement de relâchement
sur l’avant, inspiration lente et profonde, expiration, «
3 ! 2 ! », la première est enclenchée, les yeux fixés
sur la courbe à droite où en écoutant les départs
précédents, ça doit passer sans couper, « 1
! » coups de gaz, « Top ! », go !, seconde, j’suis
déjà dans le gauche, j’ouvre en grand à la
sortie, coupe légèrement pour un gauche un peu fourbe, gaz
!, l’épingle à droite me saute à la gueule,
première, seconde, déjà l’autre épingle,
je saute sur les freins un poil trop tard mais ça passe, y’a
plein de monde qui regarde, tout m’impressionne, épingle,
gaz !, freinage, épingle, gaz !, drapeau jaune ???! quoi ?! aïe
!, plaque d’huile dans l’épingle, ouf, c’est
passé, gaz !, gauche, droite, j’vois pas la sortie, je coupe,
merde ça passait plus fort, j’ouvre, freinage, épingle,
gaz, ça glisse de l’arrière… ? des gravillons
!, putain y’a plein de gravillons… ! droite, gauche, droite,
arrivée 50 mètres, gaz à fond…top ! c’est
fini, fini. C’EST FINI !, Bon sang, je viens de terminer le Moto
Tour, ma première épreuve moto et je suis entier ! C’est
fini. C’est déjà fini…
Dimanche,
après les bises, les au revoirs et les conseils de prudence, la
liaison ressembla à une balade de week-end. Paris-Tour : ils ont
dû se creuser la tête pour nous trouver des petites routes
qui tournent, mais les endroits choisis sont assez beaux. Ca me permet
de me familiariser avec la lecture du road book. J’ai quelque peu
surestimé la température, et j’arrive frigorifié
à l’étape. J’apprend le principe du pointage,
des heures d’assistance et de la mise en parc fermé.
Lundi
debout 5h00, Yves étant n° 36 et moi n°170, je pars une
heure derrière lui pour rejoindre le Mans. Il fait nuit et froid,
mais pas de pluie. Sur le circuit, personne n’a encore tourné.
C’est un peu le boxon et tout ne semble pas complètement
en place. Quand arrive la première série, je suis un peu
angoissé, et tout en enviant Zyves, je le plaints.
Etre sur la grille de départ du Mans avec Phil Read, Dominique
Sarron, Bruno Bonhuil, Stéphane Coutelle, Bétrand Sébileau,
et toutes ces pointures moins publiquement connues…c’est un
grand moment, va falloir ouvrir mon p’tit Zyves ! Quand arrive mon
tour, le temps change, une bruine commence a tombée, et le flip
me gagne. Le vent est important heureusement, et cette bruine ne durant
pas, la piste sèche. Tout est neuf pour moi qui n’ai en tout
et pour tout jamais tourné que 4 ou 5 fois à Carole dans
ma vie. Le Mans, je le connais un peu sur X-Box et PS2, mais là,
faut oublier la manette et tourner la poignée. Je prend du plaisir
à la mesure de mes moyens, et dans le dernier gauche avant le double
droit de l’arrivée, je suis heureux de faire l’exter
à un ancien VFR qui venait de me taxer quelques virages plus tôt.
Pour
les deux spéciales suivantes, la pluie m’accompagne. La première
est à peu prêt roulante mais dans la seconde, celle de Bauzy,
je suis à l’arrêt total. 1m80 de large, des virages
à angles droits au milieu d’étangs, des arbres au
bord dont les racines ont défoncé le bitume luisant, ce
TDM que je découvre, le manque de confiance, c’est impossible,
je n’arrive pas à avancer. Arrivé à Montluçon,
le bilan n’est pas terrible et le moral moyen.
Mardi matin je me lève inquiet. Il faut que je considère
que je n’ai rien à prouver, sinon à moi-même
que je suis capable d’aller au bout sans casse. Le classement nous
ayant rapproché, je roule avec Zyves dans les liaisons. Les routes
tournent de plus en plus, et comme il fait plus sec que la veille, le
plaisir est là. Tous ces virolos m’obligent à me décontracter.
Arrivé à la première spéciale, la pluie fait
son retour. L’angoisse me noue à nouveau le bide. Zyves la
reconnue cet été et me prodigue quelques conseils. Je m’en
sort pas trop mal malgré deux petites dérobades de l’arrière,
et la confiance me gagne un peu. Dans les liaisons, des petits groupes
se forment, et c’est marrant comme le fait de rouler avec d’autres
libère l’esprit. Les routes sont mouillées, il y a
des feuilles et des graviers, mais ça roule à un bon rythme.
La
seconde spéciale est annulée officiellement pour des raisons
de sécurité. Pourtant au milieu des sapins avec ces tapis
d’aiguilles sur de la terre mouillés, ce goudron lisse et
miroir, les sides et les supers-mot auraient été à
la fête. On commence a sentir quelques ratés dans l’organisation
: l’information ne circule pas et la grogne monte.
Au départ de la dernière spéciale du jour, c’est
le ponpon. On nous fait stationner proprement en épis par ordre
d’arrivée, et une fois garé, je constate que le premier
départ n’a toujours pas eu lieu. La spéciale n’est
pas sécurisée. Des bruits courent sur un manque de personnels
d’encadrement, et les spécialistes des rallyes routiers font
le constat amer d’une organisation trop aléatoire. Quelques
esprits s’échauffent, le ton monte parfois avec les quelques
officiels qui tentent de faire de leurs mieux avec les moyens qu’on
leurs a donné, et il faut rapidement conclure que nous devons prendre
notre mal en patience pour ne pas faire capoter ce rallye dans lequel
nous avons tous souhaité nous engager.
Le côté positif, c’est que les langues se délient,
chacun discute avec tout le monde, on approche et échange quelques
mots en toute simplicité avec les pilotes des premières
lignes. C’est sympa, les visages du début de rallye ne me
sont plus étrangers, et quand enfin le départ est annoncé,
le spectacle est grandiose. Sarron, premier au départ lance le
bal, glisse de l’arrière au freinage avant d’aborder
150 mètres plus loin le droit qui se referme. Il tient tous les
spectateurs en haleine. Suivent Coutelle, Bonhuil, Sebileau et les autres
qui partent le couteau entre les dents nous gratifiant eux aussi de belles
dérobades maîtrisées. Un des frères espagnols
sur BMW, trop optimiste, se met au tas, mais repartira sans bobos.
Mais le plus beaux à mes yeux de poireau lambda, c’est de
Serge Nuques que je l’ai vu. Tout le monde partait logiquement sur
la gauche pour aborder le droit. Lui part à droite de la route,
appel, contre-appel, glisse des deux roues, le virage est magistralement
avalé comme une simple formalité, sans à-coups. Superbe
! Je suis tellement focalisé sur ces départs, qu’en
me retournant reprendre ma moto, je constate que c’est un vrai bordel.
L’anarchie la plus totale. Tout les pilotes s’entassent dans
un goulet, l’ordre de départ n’est pas respecté,
résultat 4h15 d’attente à cette spéciale, et
je pars dans les dix derniers, rejoint Issoire de nuit, et le repos espéré
avant le nocturne se résume au pointage, mise en parc fermé
et un sandwich sur le pouce.
Deux
bornes après le départ de l’étape de nuit,
l’éclairage de mon road book est HS. Il fait froid mais la
pluie n’est plus de mise. Aux pieds de la première spéciale,
c’est à nouveau l’attente. Deux crashs viennent d’avoir
lieu : Stéphane Coutelle, dont le R1 a fini dans la rivière
mais pas de mal pour lui, et Philippe Michel qui partira en ambulance
après un gros choc à la tête. Résultat spéciale
neutralisée, car sans les deux ambulances, pas de spéciale.
Deux ambulances, because sur un side ils sont deux, et en cas de pépin…
Après une heure d’attente, toujours pas de retour d’ambulance,
donc spéciale annulée. Une résurgence de l’énervement
de l’après-midi apparaît. La spéciale devient
liaison, c’est la confusion et le bordel le plus total aux contrôles
suivants.
La pluie est revenue. Les routes mouillées tournicotent au milieu
des bois. Mon éclairage est efficace partout sauf dans l’axe.
Il fait froid. Je passe la seconde spéciale vers 3h du mat’
en me demandant ce que je suis venu foutre ici. On rallie Issoire à
4 ou 5 motos, on roule vite, il pleut de plus belle et je sens le froid
inonder mon calbut’. Ma combarde est trempée et le froid
est tellement saisissant qu’il faut redoubler d’attention
pour ne pas faire d’erreurs et se sortir. A 4h30, je suis couché,
épuisé.
Aujourd’hui mercredi circuit d’Issoire. La nuit à été
courte.
Le
sèche cheveux à rendu l’âme avant de parvenir
à sécher un soupçon de ma combinaison. Les gants,
j’en ai d’autres, bien secs.
Sur
la grille, je suis sur la 5ème ligne. La piste est sèche
après le passage des Classics et des séries précédentes.
Je fini 3ème juste dans les pots fumigènes de la Boxer Voxan.
Le ciel se dégage. Le manque de sommeil me rend complètement
relâché. Les routes sont de plus en plus belles. A la spéciale
suivante, encore et encore de l’attente, mais cette fois c’est
tout bénef. Chacun pique un bon roupillon au milieu de l’alignement
des machines. J’en profite pour faire faire par le soleil ce qui
a provoqué la démission de mon sèche cheveux. La
spéciale est belle et sèche. Le sud commence a sentir bon
et la banane se scotche sur la majorité des visages.
A la 3ème spéciale, re-coup dur. Annulé pour récupérer
le retard accumulé depuis le début du rallye et permettre
aux pilotes de reprendre des forces. Voilà une raison de plus de
mécontenter les rallye-men en lutte avec les pistards. C’est
petits bras de la part de l’organisation qui par ce biais étouffe
un nouveau cafouillage. Néanmoins, le soir nous avons droit à
notre première explication de texte, il était temps, promesse
d’une suite de rallye dans de meilleures conditions et un mea culpa
de l’organisation sollicitant notre indulgence pour l’essuyage
des plâtres de cette première édition. No problemo
pour moi, je leur accorde en partie.
Ce jeudi démarre sous un soleil radieux. Les rancoeurs face aux
difficultés du début s’estompent. Le départ
de la première spéciale est presque réglé
comme du papier à musique (il y a aussi moins de concurrents…).
Sur la liaison, en traversant une zone de forêt dévasté
par les incendies, la route nous réserve la surprise de véritables
bacs à graviers. Je suis Benoît n°175 sur son VTR noir
quand il entre dans le premier bac. Je vois sa roue arrière glisser,
je freine par réflexe, réalise, relâche et passe de
justesse par la droite entre lui et le ravin. J’ai eu chaud.
Devant je recolle à un CB500 qui semble bien à l’aise
au milieu de tout ça. On commençait à s’y faire
quand d’un coup, plus de bitume, on traverse un chantier qui transforme
la route en terrain de cross. Je suis toujours le CB jusqu’au moment
où le malheureux plante sa roue avant dans une butte de terre et
tombe, le genou sur un énorme caillou avec tout le poids de sa
machine. Je béquille descends pour dégager sa moto qui lui
bloque la jambe. C’est vraiment la chute con. Instinctivement je
sors la feuille d’info qui nous a été remise au départ,
et je constate avec stupeur qu’aucun numéro d’urgence
ni figure. D’autres pilotes s’arrêtent, et le CH n’étant
qu’ 2 kms, je descend appeler les secours. Il réussira a
remonter sur sa moto et à atteindre le CH.
Je commence à essayer de mettre du gaz. Je sens que ma lecture
de la route est plus précise, j’oublie ma machine pour faire
d’avantage corps avec elle. Mon regard porte plus loin, et je devine
mieux ce qui peut être caché dans un virage. Sur la liaison
vers l’étape du Burzet, c’est la claque : le singe
d’un sidecar est sous une couverture de survie « Dis à
l’ambulance de se dépêcher si tu la croises, ça
fait un moment qu’on l’attend ! » Je reviens à
la réalité du danger de ce rallye. Je suis tellement déconcentré
que je me rate quelques virages plus bas, et un talus bien placé
est mon sauveur. Plus loin je croise un CRS à qui j’explique
l’état du gars en demandant si l’ambulance le suis.
Il est monté seul pour voir. Pas d’ambulance jusqu’au
départ de la spéciale dont le CH a été déplacé.
Les pompiers montent enfin.
Au départ c’est de nouveau l’attente. Le Burzet c’est
une spéciale du Monté Carlo. Dans chaque virages il y a
des compressions et il est recommandé de suivre le sillage de la
route dans les petites enfilades si on veut pas s’envoler. Ca va
vite et les graviers sont de la partie. Le flip regagne du terrain dans
mon esprit et mon ventre se noue.
En attendant le départ, on cause. On cause distance qu’il
reste à parcourir, essence et autonomie. Mon TDM se défend
bien de ce côté là. Plus de 300 bornes avec un plein,
ça laisse le temps de voir venir. Mais quand la station suivante
se trouve à 90 kms et que mon compteur indique que j’en ai
déjà fait 264… ! y’a comme un hic ! Quel naze,
je suis ! Benoît sur son VTR doit retrouver son assistance au prochain
CP pour un complément, et il pourra me dépanner si je peux
faire les 50 bornes qui suivent. Sympa. Je fais mes petits calculs. J’ai
quand même pas mal tiré dedans depuis le départ et
dans la première spéciale, ça va être chaud,
et pas question de faire le Burzet au pas. Pour plus de sûreté,
je monte le Burzet sur la réserve sans me soucier de rien. Les
compressions, c’est pas du cinéma : dans chaque virage ,
l’inter est aussi creux qu’une baignoire d’angle. Je
suis au mieux et au plus vite la ligne médiane. Les freinages sont
chauds, y’a des graviers par-ci, par-là et surtout là
où il n’en faudrait pas.
A
l’arrivée, je rebascule le robinet en position normale. Il
me reste 44 bornes à faire et je dois pouvoir en faire environ
40 ou 50 sur la réserve. Cinq cent mètres plus loin la moto
toussote, je dois repasser en réserve. J’suis mal. Je commence
à rouler au couple en sollicitant le moins possible l’accélérateur.
Dans toutes les descentes je débraye pour être en roue libre.
Mon road book indique encore 30 kms, ça le fera jamais. J’en
rage d’avoir été aussi négligeant et de tomber
en rade aussi connement. J’enroule au mieux les courbes, pas de
freins pour ne pas avoir à accélérer. Encore 20 bornes
et ça monte toujours. Je regarde l’heure et essaye de maintenir
un petit 60 pour ne pas faire trop chuter ma moyenne. Encore 10 bornes.
Ca va l’faire, il le faut, c’est trop con. Je sens comme de
mauvaises secousses dans la moto, ça monte encore et s’il
faut que je pousse, je n’y arriverais jamais. Plus que 6 bornes.
Les secousses sont bien réelles et ça monte toujours. Dans
les virages j’incline au mieux le TDM espérant récupérer
les dernières gouttes coincées dans les recoins du réservoir.
5 bornes, je vois un sommet, la route devrait cessée de montée,
le moteur lui vient de cesser de tourné. Je suis sur l’élan,
je passe le col à 20 à l’heure, ça descend,
je me laisse glisser en roue libre, je vois les dernières bornes
défilées au compteur, pourvu que ça ne remonte pas.
A 1,5 km je surplombe le CH, ça descend toujours. La traversée
de la nationale N102 et les 100 derniers mètres, je les fais en
poussant et en courant à côté de la moto. Benoît
est là avec son assistance. Je suis dans les temps. 12 litres viennent
de me redonner le sourire. Merci.
Tellement heureux de m’en être tirer au plus juste et d’avoir
trouvé mes sauveurs, après mon pointage je repars comme
un taré sur la nationale sans lire mon road book. 6 bornes plus
loin je croise un concurrent dans l’autre sens… ? Put…
de mer.. j’ai raté la départementale à gauche
500 mètres après le contrôle. Demi-tour en pestant
d’être toujours aussi naze et j’enquille comme un malade
pour rattraper mon retard. Je me concentre pour faire retomber la pression,
car les routes tournent toujours autant et une ou deux minutes ne valent
pas le coup que je me foute au tas. Je retrouve Zyves parti après
moi qui lui ne s’est pas planté de parcours. Il me laisse
passer. Je me trompe encore deux fois mais Zyves bien plus attentif, me
récupère in extremis. La route devient de plus en plus étroite,
des graviers partout, ce n’est même plus une route mais un
chemin avec des châtaignes écrasées, de l’herbe
au milieu, des trous, des bosses, des cailloux… je glisse, le CH,
je pointe dans la dernière seconde. La spéciale, départ,
droite, gauche, gravier, trous, freinage de justesse, arrivée,
liaison, Alès. Journée de ouf !
A Alès, le village est en centre ville, l’assistance à
4 kms sur le circuit et le parc fermé à côté
du village. Un peu merdique comme solution. Ce matin c’est le dernier
circuit. Il fait toujours aussi beau. Avec Zyves on est dans la même
série, moi en 5ème ligne et lui en 7. Le circuit est superbement
vallonné. Le double gauche en descente puis montée placé
face à la tour de contrôle est magnifiquement impressionnant.
J’entend le slider de Sarron toujours aussi majestueux devant ses
poursuivants. Il se fera quand même taxer dans l’ultime virage
avant la ligne. Je suis heureux d’être là, d’être
dans ce rallye, je suis confiant.
En
entrant sur la piste, je découvre un tracé superbe, il y
a de mauvais raccords par endroits, mais les courbes sont top. Sur la
grille je fais gaffe à me placer bien entre les deux qui me précèdent.
Au vert celui de droite devant fait un débordement à gauche
qui fout par terre ma stratégie de départ. Je débraye
esquive par la droite, gaz, fais mon trou dans le droite avant la chicane,
dans le droit parabolique ma botte touche alors que je n’ai pas
l’habitude d’avoir les pieds en canard, bout droit, fond de
zone rouge, pas bon, faudra que je passe un rapport ici, l’épingle
à droite un peu destroy, le fameux double gauche qui descend puis
remonte, droit un peu aveugle, double droit, ligne droite…GAZ !
Le TDM frotte de partout. J’ai reculé mes pieds contre le
cadre et je sens le repose pied qui se replie. J’ai coupé
trop tôt en bout de ligne droite, j’en remet, je manque de
tirer tout droit avant le pif paf, le TDM frotte toujours plus, il faut
que je sorte les épaules en plus des fesses. Fabienne, fameuse
pistarde sur sa Ducat’ me passe avant l’épingle et
me montre la trajectoire. Dans le droit aveugle à la sortie du
double gauche en descente je cherche tellement à tangenter le vibreur
que mon repose pied se bloque dedans, la roue arrière se déleste,
raccroche, l’avant guidonne, j’ai pas coupé, c’est
l’arrivée, je fini 4 et 50 au scratch, c’était
trop bon. La journée va être belle.
Après le déjeuner, fait du hasard, je part derrière
Vincent Vallon de MJ et Phil Read qui le suit. Jusqu’au départ
de la spéciale du Mont Ventoux, je suis dans la roue de Phil. Quelle
leçon ! Rapide, propre et net. A 64ans ce grand Monsieur n’a
rien perdu de sa superbe, et je suis pas peu fier d’avoir roulé
avec lui. Photo souvenir.
La
spéciale du Ventoux est rapide, ultra rapide. L’enrobé
neuf et parfait n’offre aucune mauvaise surprises. Il en faut juste
des grosses pour rester ouvert en grand dans les petites enfilades, et
surtout pour planter les freinages avant les épingles. Dire que
les premiers passent à plus de 200 km/h… Les routes sont
toujours aussi belles.
La
spéciale suivante, celle des Murs, est une merveille. Les virages
sont très courts et très accentués, je déhanches,
le TDM frotte, je suis concentré replié derrière
ma bulle, je me prend pour un pilote. C’est le pied total.
L’arrivée
sur Toulon par l’autoroute est un peu dommage, mais la journée
à été splendide. Les routes nous ont offert leurs
senteurs de lavande, nous sommes au bord de la mer et les motos presque
sur la plage.
Cette journée de samedi a un goût de reviens-y. L’organisation
du début était plutôt moyenne, même à
mes yeux de novice. Et si beaucoup de choses sont pardonnables pour une
première édition, les conseils de ceux qui savent auraient
dus être d’avantage entendus.
C’est déjà fini. Sept jours qui ont filés aussi
vite que les 2300 kilomètres que j’ai avalés avec
régal. C’est déjà fini mais il fallait finir
ce rallye. Pour ma première participation à une quelconque
épreuve moto, c’était mon premier objectif. Just married
et à deux mois de devenir papa je n’avais pas le droit à
l’erreur et là, le soutient de ma femme a été
exemplaire et essentiel. Restée à Paris, j’imagine
l’insupportable inquiétude que je lui ai fait endurer à
attendre le coup de fil qui soulage. Je l’aime.
Voilà pour le récit de mon aventure que j’ai partagé
avec mon pote Zyves, un gars vraiment génial.
Merci
à tous nos partenaires, ceux qui ont participé financièrement,
qui nous ont soutenu, à notre assistance, la famille, les potes
qui étaient présents au départ de Paris, à
Defré pour l’habillage du TDM et à ma femme surtout.
Débutant total, n’ayant fait aucune reconnaissance, j’ai
été heureux de rouler avec d’autres motards qui aiment
la route, la route à motos, heureux d’avoir terminé
ce rallye à une 75ème place honorable pour mon niveau que
j’ai toujours considéré comme moyen, heureux d’avoir
rencontré des gens sympa comme Benoît et son assistance que
je remercie encore de m’avoir sauvé la mise après
le Burzet. J’arrête là, car je ne sais pas comment
conclure. Je suis à nouveau sur la selle de mon XJR profitant des
4 uniques virages que m’offre la N118 en allant au boulot, et je
vous envie, vous provinciaux qui représentiez 80% du plateau du
Moto Tour d’avoir des routes qui tournent. J’espère
qu’on se retrouvera l’année prochaine à Reims.
Pascal
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